Et les vainqueurs sont… Cécilia Baena (Bont) et Diego Rosero (Rollerblade MPC) ! Les deux Colombiens ont fait main basse sur la FIC/WIC de Rennes sur Roulettes dans un style bien différent, mais qui en dit long sur la bonne santé de leur nation à l’heure actuelle. Dans l’ensemble, cette quatrième manche de la French Inline Cup s’est bien déroulée, les patineurs de toutes les catégories profitant d’un dimanche ensoleillé sur la capitale bretonne !
Sur un parcours aussi sinueux et, de fait, assez physique, les scénarii ne courraient pas les rues de Rennes : que ce soit pour la courses des femmes ou pour celle des hommes, et vue les conditions météorologiques, il semblait clair que les décisions allaient se faire à la force du mollet. Deux possibilités s’offraient alors aux patineurs : soient ils étaient dans un jour faste, et alors ils pouvaient envisager d’attaquer, et d’attaquer encore, jusqu’à ce que ça craque derrière ; soit ils étaient dans un mauvais jour, et ils savaient qu’il faudrait serrer les dents…
Baena est bien la plus rapide
Quand les 50 femmes prirent le départ, elles devaient avoir ces cas de figure en tête. Pourtant, même si les premiers tours de leur marathon furent assez rapides, le rythme se relâcha quelque peu ensuite. En fait, à partir du moment où le premier paquet ne comptait plus que 25 unités environ – c’est-à-dire toutes les prétendantes mondiales – on commença à assister à une course de placement, ponctuée par quelques attaques ravageuses, mais pas décisives.
Pas décisives, car à six ou sept tours de la fin, Ghizlane Samir (London Skaters) et Anne-Sophie Petitprez (BESAC), qui avaient pourtant décroché du groupe de tête, parvinrent à le réintégrer assez rapidement… Malheureusement pour nos deux « Tricolores », les à-coups étaient un poil trop violents, et elles durent se résigner à laisser filer ce paquet avant la fin.
Pourtant, à l’avant, on sentait bien que ça se regardait un peu. C’est dans un moment de flottement que Laëtitia Le Bihan (Sarthe.Loops Racing) tenta de s’enfuir seule, pour échapper au sprint massif : on était à deux tours de l’arrivée, et la tentative de la Bretonne tomba dans l’eau de la Vilaine…
La course ne se décantait vraiment que dans le dernier tour : l’Argentine Tamara Llorens (Bont) prit la tête et aligna tout le paquet. Le but de cette manœuvre ? Empêcher tout débordement adverse et placer ses coéquipières, qui la suivaient, dans les meilleures conditions. Elle s’écarta aux 200m, laissant la voie libre à Alexandra Vivas. Cette dernière s’écarta à 100m, pour laisser passer Cécilia Baena et Nicole Begg, et referma la porte. Tactique imparable : les « rose et violette » de Bont aux deux premières places – Vivas n’ayant pu résister à Melissa Bonnet (World Inline Center Matter) !
Le temps de la course est presque anecdotique : 1h19’49 pour un marathon de la WIC, cela peut paraître lent (32km/h de moyenne). La vitesse de la course a en effet considérablement faibli après la mi-course et, rappelons-le, le circuit est loin d’être le plus évident qui soit (nombreux virages, épingle à cheveu, pavés…). Quant aux Françaises, elles étaient encore deux dans l’emballage final : Laetitia Le Bihan est allée décrocher la douzième place ; Nathalie Barbotin (Alessi Powerslide) la vingt-deuxième.
Les Tricolores en terrain conquis à Rennes
La course des hommes ne fut pas non plus la plus rapide de l’année sur le papier (51,3km bouclés en 1h19’53, soit 38,5km/h de moyenne). Pourtant, elle ne fut pas la moins animée non plus ! Et les Tricolores ont eu leur part de responsabilité quant à l’animation : c’est bien simple, ils se sont comportés à Rennes comme en terrain conquis !
Si la première moitié de l’épreuve ressembla fort à une course de placement, la seconde moitié fut en fait une belle partie de poker. Durant les vingt-cinq premiers kilomètres en effet, on vit bien quelques groupes partir de temps en temps, au rythme des virages serrés, des petites rues un peu techniques à passer, ou encore des sprints intermédiaires. Mais à chaque fois, le peloton, constitué d’une bonne cinquantaine d’éléments, revenait.
Les maîtres tacticiens se révélèrent en fait à six ou sept tours de l’arrivée, alors que les organismes commençaient à subir les effets des relances. On vit ainsi Julien Despaux (Rollerblade France), Thomas Boucher (Rollerblade I.B.U Speedodrom), Julien Levrard (Renard Inline/Levallois) ou encore Matthieu Boher (RPM Poli) placer leurs billes. Yann Guyader (Alessi Powerslide) n’était pas en reste : le Nantais se devait d’ailleurs d’être très attentif, l’enjeu pour lui étant de reconquérir le leadership de la WIC perdu la semaine dernière. De l’autre côté, les Italiens semblaient dans un jour sans : Massimiliano Presti (Luigino, numéro 1 mondial en 2007) subissait vraiment, comme l’en attestait son visage un peu défait ; ses compatriotes Luca Saggiorato et Francesco Zangarini (Rollerblade MPC) multipliaient les contre-temps, d’autant plus que le premier nommé s’était fait piéger dans une chute à la mi-course.
Une course bascule parfois pour des détails de cet ordre… Même si le rythme était encore très élevé à dix kilomètres de l’arrivée (la moto des suiveurs passait de 0 à 60km/h en un rien de temps à la sortie des virages), Matthieu Boher parvint à s’extirper du paquet tout seul. On l’avait presque oublié, quand le peloton se réveilla un tour plus tard, secoué par deux attaques successives. La seconde fut la bonne : un groupe de quatre, puis bientôt de onze, en sortit, et alla rejoindre le fuyard.
La donne de la course changea donc complètement suite à ce coup de Trafalgar. On aurait pu assister à un sprint massif ; on vit un bras de fer entre les douze à l’avant et le paquet à l’arrière. Un paquet qui prit vingt secondes d’un coup, grâce au travail de sape des coéquipiers des échappés. Les douze, de toute façon, ne relâchèrent pas leurs efforts, bien au contraire. Il faut dire qu’avec des attaquants comme Guyader, Levrard, Despaux, Boucher ou encore Boher, il n’était pas question de rester les bras croisés.
Les Français semblaient vraiment très forts, mais ce sont les Colombiens qui raflèrent la mise (quand on parle de coup de poker…). Diego Rosero (Rollerblade MPC), qui s’était légèrement fait oublié jusque là, sortit dans le dernier kilomètre : il parvint à résister à la meute et à prendre la victoire devant deux de ses compatriotes, Alexander Bastidas (Bont Bataca) et Nelson Garzon (Matter Inline Center). Yann Guyader échouait au pied du podium, à la quatrième place ; mais ce n’était pas un échec complet puisqu’il va probablement reprendre la première place au provisoire de la Coupe du monde. Pour le reste, on assistait tout de même à un beau tir groupé des Français dans le Top 10, puisque Matthieu Boher prenait la septième place, Thomas Boucher la huitième et Julien Levrard la neuvième