Victoire au sprint du team MMA devant Rollerblade.
Plus de 4000 participants (le double de l'année dernière), des équipes cubaines, espagnoles, allemandes, belges et françaises et le soleil tout le week-end: tous les ingrédients étaient réunis samedi 29 et dimanche 30 juillet pour concocter une course grandiose. Les 24 Heures du Mans Roller deviennent une épreuve à la mesure des exploits motorisés qui se sont déroulés sur le fameux circuit Bugatti. L'engouement était tel que les organisateurs ont dû refuser 3500 inscriptions environ pour des raisons évidentes de sécurité et afin de proposer un plateau homogène d'équipes "pros", fitness et d'entreprises.
La mesure de l'événement tient parfois en une image. Et comment ne pas retenir celle de tous les participants invités à 15 heures sur la ligne droite d'arrivée pour effectuer un tour de présentation. On aurait dit un immense patchwork excité et heureux malgré l'ampleur du défi. Dans des moments pareils, il n'est pas difficile de mesurer le pouls d'une planète roller bien vivante.
La compétition en elle-même avait débuté dès 14 heures: un tour de qualification devait déterminer la grille de départ. Sans surpise, les premiers temps furent réalisés par Richard Deniaud pour MMA, Alban Cherdel pour Levallois Sporting Club et Pierre Garand pour Rollerblade France en 6 min. 40. Sur le papier, ces trois équipes semblaient pouvoir assurer le spectacle en tête, avec les teams Fila, Vertical Inline Racing ou encore les équipes de club (Sarthe Inline, Coulaines...).
16 heures, traditionnellement l'horaire auquel débute les 24 Heures du Mans. Tout comme pour les épreuves moto, le départ devait être donné concurrents d'un bord du circuit et patins de l'autre. Un exercice à ne surtout pas négliger car un mauvais départ peut se révéler pénalisant pour le reste de la course. Dès les premiers tours, un peloton se formait en tête,
composé des cinq principales équipes concourrant pour la victoire. Celle bardée du sigle MMA, la "tenante" du titre, emmenée par son capitaine emblématique Richard Deniaud, avec Mickaël Lannezval, Mathieu Boher, Damien Cochet, Sébastien Babault et David Guibert. L'équipe de Levallois apparaissait comme un adversaire sérieux, avec Phillipe Boulard, Alban Cherdel, Yohann Langenberg, Benjamin Loisel, Frédéric Villeneuve et Yannick
Broustaud. L'équipe Rollerblade France partait avec la volonté de faire mieux qu'en 2001, avec Benoît Perthuis, Jérôme Estrada, Pierre Garand, Sébastien Sergent, Antoine Jacquier et Vincent Esnault. Vertical Inline Racing venait avec ses jeunes afin d'acquérir de l'expérience et Fila pour décrocher le podium qui lui avait échappé l'année passée. Les tours s'enchaînaient à une moyenne élevée de 7 à 7'30 par tour.
Une autre course se déroulait à l'arrière, celle des équipes venues au Mans pour relever le défi des 24 Heures. Par delà l'esprit de compétition, on pouvait sentir parmi tous ces patineurs la volonté de se faire plaisir et de mener en équipe une aventure humaine. C'était une autre course, mais pas la moins intéressante. Il serait possible de citer une multitude d'anecdotes, comme cette équipe de seulement deux personnes partie en skate board, ou encore ce patineur alsacien décidé à avaler 24 heures de Bugatti tout seul.
L'équipe de la Brigade roller de la police allait-elle tenir en respect le "train" des patineurs de la SNCF? Le team des poulets (au sens propre: des patineurs déguisés en poulets) pourrait-il endurer le poids de leur déguisement si longtemps? Autant d'autres questions essentielles pour comprendre dans son ensemble cette course.
Dans la soirée, il ne restait plus que trois équipes en tête: RB, MMA et Vertical Inline, qui s'employèrent à creuser un écart inespéré au team Levallois. Les circonstances de la course voulurent en effet que Benjamin Loisel perde le bâton de relais et doive faire demi-tour pour le récupérer.
Il perdit quelques précieuses secondes. Les terribles efforts de Boulard et de Cherdel pour revenir n'y firent rien. Devant, le trio relayait à chaque tour pour maintenir un rythme soutenu. Vers minuit, Levallois déplorait un retard de un tour. Puis ce sont les jeunes de Vertical Inline qui décrochèrent (ils n'étaient que cinq, contre six dans les autres teams, ce qui est handicapant avec le temps).
Au petit matin, il ne restait plus que RB et MMA devant dans le même tour, accompagnés par Levallois à un tour et Fila revenu à deux. S'engagea alors une épreuve physique et psychologique de plus de huit heures, RB et MMA se surveillant et se testant mutuellement, tout en prenant gare au team Levallois demeurant menaçant et à son duel avec Fila. Attaque, défense, bluff, esbrouffe, esclandre parfois aussi (Boulard étant quelque peu
mécontant de sa situation): le tout avec la victoire en point de mire. Vers midi, rien n'avait changé, malgré quelques petites défaillances de relayeurs chez RB et Levallois. La course se déroulait et on pouvait le lire sur les visages aux traits de plus en plus tirés.
Dans les stands, l'atmosphère devenait très calme car la fatigue de la nuit travaillait implaccablement tous les concurrents. Sans qu'aucun véritable pact ait été conclu entre MMA et RB, les deux teams agirent de sorte qu'ils allaient jouer cette course au sprint. Il était 15h45 quand le dernier relayeur s'élança: Benoît Perthuis pour RB et Mickaël Lannezval pour MMA. Durant les trois derniers tours, il s'observèrent, entourés par les motos des juges et de la TV et poussés par l'énorme public massé dans la ligne droite d'arrivée.
C'est dans le dernier virage, à environ 500 mètres de la ligne d'arrivée, que Lannezval "lança" sa machine. Perthuis se tenait à trois mètres, mais il ne parvint jamais à recoller. Assuré de la première place, le sprinter de MMA pouvait lever triomphalement les bras. Il venait de faire gagner à son équipe une course de 190 tours du circuit Bugatti pour quelques secondes. Le contrast est saisissant, mais ce suspens haletant demeurera digne d'un très
grand exploit sportif. En attendant la prochaine édition...
Classement:
1 - MMA (190 tours)
2 - Rollerblade France
3 - Levallois Sporting Club
4 - Fila
5 - Vertical Inine Racing
6 - Sarthe Inline
Vincent Esnault