Communiqué du 23/07/2002 Le roller, comme tous les autres sports, c'est avant tout des compétiteurs; ils récoltent les honneurs de la foule et des médias. C'est également des organisateurs qui pensent et mettent en place l'événement. Une troisième composante est nécessaire à la préservation de l'équité et des règles du jeu. Cette composante, c'est le corps arbitral. Les juges sont indispensables, mais on ne les voit bien souvent que quand ils prennent des décisions sanctionnant des fautes. L'image du juge injuste saute facilement aux yeux. Doit-on s'arrêter là? Non, bien sûr! Nous avons rencontré Pierrick Le Goslès, juge depuis 1997, et sa fille Audrey, juge depuis 1998: ils nous parlent de ce qui est pour eux un loisir, et bien plus.
A l'image du roller, les juges donnent beaucoup et reçoivent finalement assez peu. Nombreux sont ceux qui ont délaissé l'arbitrage ces derniers temps d'ailleurs. Ce loisir peut devenir en effet très exigeant. Assumer un poste d'arbitrage, sur une course départementale ou sur un marathon international, c'est se rendre aux réunions d'avant course et assurer son poste parfois plusieurs heures d'affilé dans la journée. Sans compter les temps de déplacements (qui diffèrent selon le lieu où l'on doit se rendre). Bref, c'est un véritable exercice de concentration.
Comment devient-on juge? Les règlement fédéraux imposent au moins un juge par club. La motivation vient souvent du fait que l'on suive son enfant sur les courses. Mais il peut aussi s'agir d'une sollicitation du comité afin de remplacer un partant: c'est comme ça par exemple qu'Audrey a commencé sa "carrière" en octobre 1998, à 16 ans seulement. Tout comme son père avant elle, elle a gravi les échelons jusqu'à officier aujourd'hui au niveau national.
Un juge est avant tout un connaisseur des règlements du roller. Cette connaissance semble être le moteur de la motivation des juges. "Faire appliquer le règlement le plus justement possible" est un impératif, mais aussi une difficulté, tient à rappeler Pierrick. Car il n'est pas toujours évident que tous les juges en aient la même interprétation. "Il faut savoir imposer ses idées" ajoute Audrey, et aussi "se faire écouter de collègues souvent plus âgés". Et puis il existe une véritable pression dans la prise de certaines décisions d'arbitrage… Il est donc nécessaire d'avoir les nerfs solides!
Le "métier" apporte cependant quelques fois des satisfactions. Celle par exemple d'éprouver son arbitrage sur des courses aussi différentes qu'un championnat régional puis un marathon international quelques jours après: "le nombre de patineurs et la façon d'arbitrer ne sont pas les mêmes" selon Pierrick et Audrey. Audrey rajoute deux facteurs: l'ambiance et le public. Tout comme pour les patineurs, la motivation décuple lors des grands événements.
Audrey devait passer un pallier cet été à l'occasion des championnats du monde d'Ostende: elle pouvait devenir "arbitre internationale auxiliaire". Malheureusement, elle devra patienter encore un peu: son jeune âge lui a été préjudiciable. En revanche, son père vient de partir à Grenade-sur-Garonne pour les championnats d'Europe. Sa candidature au poste de juge européen ayant été acceptée, il va devoir faire ses preuves deux semaines durant afin de la valider. Deux semaines d'arbitrage d'affilé: voilà une performance digne d'un véritable sportif. Mais Pierrick a déjà démontré qu'il était à la hauteur de sa charge, puisque, avec six autres collègues, il a assuré l'arbitrage des 24 Heures du Mans en juin dernier durant… 24 heures.
Il ne fallait donc pas s'arrêter à l'image du juge injuste. Juger est un loisir qui demande beaucoup de sacrifices et de "professionnalisme". L'arbitre est indispensable au roller et, il n'est pas inutile de le rappeler, nous leur devons le respect.
Vincent Esnault