COMMUNIQUE DE PRESSE


Le roller ailleurs : les Etats-Unis
Communiqué du 25/01/2003



Les Etats-Unis, un immense pays (près de 9,4 millions de kilomètres carré), une diversité de paysages et de zones bioclimatiques, un melting-pot d’habitants, des frontières toujours repoussées. Les Etats-Unis, le pays de tous les possibles… Y compris ceux de la planète roller. Décrire une pratique du roller skating de vitesse aux USA est inutile : mieux vaut savoir adapter un discours aux lieux, au temps, aux personnes et aux cultures. Toutefois, rappelons préalablement que c’est aux Etats-Unis que fut mise au point l’une des premières paires de roller aux roues alignées et que c’est là également que la production industrielle du « inline » a débuté. Chaussons donc maintenant nos rollers pour un petit voyage en Amérique en compagnie de Jim White, érudit en la matière !

Jim est membre d’un des meilleurs clubs de roller de vitesse US, le team Wisconsin, dans le Wisconsin (près de Chicago) : « nous sommes quarante patineurs, ce qui fait de nous un club important numériquement », tient-il à préciser. Il existe sans doute plus de cent clubs aux Etats-Unis, encore faut-il bien s’entendre sur une définition exacte. En effet, certains clubs proposent du roller course à leurs adhérents, d’autres du quad (et oui, toujours !) ou du hockey inline. En outre, certaines structures associatives ne sont pas répertoriées par la Fédération nationale. Enfin, la moyenne se situe aux alentours d’une dizaine de personnes par club : ici encore, la nuance s’impose. Car, sur les 1700 licenciés dans le pays, certains ne pratiquent que la salle et d’autres ne patinent qu’à l’extérieur. Il y en a même qui basculent du roller au patinage sur glace régulièrement.

La tradition des rinks remonte au début du XXème siècle dans le pays de l’Oncle Sam : il s’agit de salles en parquet de 100 mètres le tour environ, ouvertes au public et aux compétiteurs alternativement. Aujourd’hui, on peut en dénombrer encore environ 500. Les patineurs de vitesses s’approprient les lieux au moment des coupures commerciales (le midi ou le soir ainsi que le week-end) afin de s’entraîner à la vitesse. « J’ai le choix de mes partenaires d’entraînement, nous confie Jim. S’il le faut, je n’hésite pas à faire une heure de route pour me rendre à un rink et me confronter à meilleur que moi pour acquérir de l’expérience. » Se déplacer en voiture pour de longs trajets n’est aucunement un problème pour les Américains – nous y reviendrons : c’est même plutôt un genre de vie. Bill Gulledge, journaliste spécialisé, habite lui dans une aire rurale du Michigan distante d’une heure et quart du premier rink. « Mais le temps de parcours est parfois plus long en hiver, quand une tempête de neige s’abat sur la région… » tempère-t-il.

Des courses se déroulent dans ces mêmes rinks, au rythme d’une par semaine en pleine saison, c’est-à-dire d’octobre à juillet-août. Elles attirent véritablement des spécialistes du indoor. En vérité, vu l’immensité du territoire, les compétiteurs ne peuvent se rendre qu’à une course par mois en moyenne. En général, trois épreuves sont inscrites au programme d’un meeting : un 500 mètres, un 1000 mètres et un 1500 mètres. Sans oublier les courses de relais. Ces sessions se disputent selon des catégories d’âge, telles que nous les connaissons. Les clubs de chaque Etat se réunissent à la fin du printemps pour une compétition « régionale » durant laquelle les trois meilleurs de chaque catégorie peuvent obtenir leur billet pour les sélections nationales. Celles-ci se tiennent à Colorado Spring fin juillet ou début août (en extérieur) : c’est à cette occasion qu’est formée l’équipe représentative des Etats-Unis aux championnats du monde.

Entre temps, les courses en extérieur (outdoor) ont repris avec le retour des beaux jours. D’ailleurs, ce retour dépend de la situation géographique : il fait en effet presque toujours bon patiner dehors en Californie ou en Floride ! Une course par semaine en moyenne est inscrite au programme fédéral : généralement, elle se tient sur une portion de route fermée à la circulation, un aller-retour ou un ville à ville (jamais plus de deux kilomètres). Mais encore une fois, dans la réalité, il n’est pratiquement pas possible de se présenter au départ de toutes les courses. « Il s’agit de compétitions de cinq à vingt kilomètres, précise Jim. Mais bien souvent, il faut prendre la voiture et ne pas compter le temps passé sur les routes quand on veut s’y rendre. » L’éloignement refroidit l’ardeur des plus passionnés… Tant et si bien qu’il n’est pas rare de ne compter que vingt-cinq participants à une course outdoor.

Pour ceux qui entreprennent les déplacements cependant, il en va véritablement de l’esprit pionnier de leurs glorieux ancêtres. « Il m’est arrivé de prendre le van avec des membres du club afin de rallier la Floride : nous avons roulé 24 heures, en nous relayant bien sûr, mais aussi en prenant le temps de découvrir des paysages et de voir de vieux amis », se rappelle Jim. Arrivé à Miami, ils ont pu bénéficier de l’accueil des patineurs du Team Florida, partageant quelques jours leurs entraînements et participant à la course pour laquelle ils s’étaient déplacés. « Ce fut un moment rare, également du fait que Miami possède l’une des deux pistes aux virages relevés du pays : c’est sur ces pistes que se font les sélections nationales. » Un proverbe américain dit : « life is not a destination, it is a journey. » En voiture ou en avion, il existe toujours un moyen de se rendre à une course de roller, qu’elle ait lieu près de chez soi (dans un rayon de 300 kilomètres) ou pas (Jim s’est déplacé à Las Vegas en van et ce voyage a duré 36 heures !). Néanmoins, tous les patineurs ne peuvent pas se permettre de tels déplacements… Comme le fait remarquer Monica Vidal avec une vision plus en retrait, « ceux qui s’en sortent réellement sont soutenus par leurs parents. Il s’agit spécifiquement d’enfants dont les parents possèdent des rinks et qui baignent dans cet atmosphère, comme par exemple Chad Hedrick, Dante et Tony Muse, Dereck Downing ou encore Kimberly Derrick. » Pour ces champions en effet, patiner est une deuxième nature : épaulés par une famille passionnée de surcroît et en vrais professionnels, ils font du roller toute l’année, indoor ou outdoor, voire même en Europe.

Voire même en Europe effectivement… Car réellement, les skaters US ne s’intéressent qu’aux courses aux USA. C’est ce qui explique peut-être que la vogue des marathons telles que nous la connaissons en Europe n’a pas encore atteint le Nouveau Continent. Verducci ou Hyper participent de temps en temps au circuit européen (pour la World Inline Cup notamment), mais sans plus. D’ailleurs, le marathon des championnats du monde d’Ostende ne figurait même pas sur la liste officielle des résultats édités par le site de la Fédération des Etats-Unis. « Pour moi, le marathon ne fait pas partie des championnats du monde », avait expliqué Charly Lucas, le sélectionneur national, sur le coup. Et pourtant, il existe bel et bien des courses de longue distance en Amérique, une dizaine de marathons par an, dont le plus connu est celui de Duluth, inscrit au calendrier de la World Inline Cup. « C’est vrai que ce genre d’épreuve n’est pas considérée comme une course, ajoute Jim. En effet, si 4000 personnes prennent le départ, la plupart n’ont d’autre objectif que de comparer leurs temps et leurs vitesses plutôt que de battre quelqu’un. » Athens to Atlanta fait alors figure de course d’exception dans le pays des rinks : il faut il est vrai faire preuve d’autres qualités pour grimper des collines et rouler sur un revêtement granuleux pendant 140 kilomètres ! Mais je vous l’avais dit, il n’existe pas une pratique unique du roller skating de vitesse aux Etats-Unis…


Vincent Esnault.


Liens :

Fédération US : www.usarollersports.org
Fédération de roller du Wisconsin : www.wassc.org
Club de roller de Watertown, Wisconsin : www.skateexpress.com/speed.htm
Jim White vous répond (en anglais) : japc@execpc.com Il fait partie de plusieurs clubs de roller de vitesse en fait (indoor et outdoor) et il pratique également le patinage sur glace (petite et grande piste).