C’est l’hiver au Canada en ce moment. Il a fait jusqu’à -30°C sur la façade atlantique du pays en février… Inutile de préciser que peu de patineurs s’entraînent dehors ces temps-ci ! C’est d’ailleurs un gros problème pour le sport : « il y a peu de rinks et c’est souvent à cette période que certains athlètes décrochent faute d’intérêt et de motivation » constate Peter Doucet. L’un des plus célèbres skaters canadiens est aussi un observateur attentif de notre sport dans son pays et dans le monde. « Ici, nous n’avons rien pour patiner en cette saison, ou presque. Seulement des routes mouillées couvertes de sel… » Le souriant bonhomme s’affaire quant à lui à ses multiples activités toutes en relation avec le roller de vitesse. Il est à la fois coach du Toronto Inline Skating Club, organisateur du Toronto Inline Race Week-End et du Roller Sports Ontario Tracks, webmaster de trois sites internet et vendeur de matériel. En résumé, comme il le dit lui-même, il aime ce sport.
La plupart des clubs de roller bordent la frontière avec les USA, longeant le Saint-Laurent et les Grands Lacs, sur les anciens territoires des Iroquois et des Hurons : pas étonnant dès lors qu’une culture du indoor se soit développée au Canada. Elle se cultive lors des cinq courses annuelles organisées par les trois clubs spécialisés. Une goutte d’eau dans ce pays-continent de plus de 28 millions d’habitants. Mais les Canadiens alimentent parfois aussi le débit du inline en passant la frontière pour concourir chez leurs voisins, aux Etats-Unis.
C’est au printemps et en été, quand les températures remontent jusqu’à atteindre les 30°C, que le roller renaît en vérité, calé dans ce quart Sud-Est, de Montréal à Toronto, en passant par Otawa, au sein des huit clubs outdoor. Avec comme exception à cette géographie le club de Vancouver, 8000 kilomètres plus à L’Ouest en passant par la Transcanadienne, en Colombie britannique. Chaque club rassemble entre dix et soixante-dix athlètes, qui se rencontrent lors des cinq principales courses de l’été, comme le Festival de la Santé à Montréal, le Casino Niagara Marathon ou encore le National Capital Race Week-End d’Ottawa - en plus des deux courses qui ont lieu à Toronto citées plus haut. Toutes ces rencontrent sont organisées par des comités provinciaux, à l’exemple de celui que dirige Peter dans l’Ontario. Mais la Fédération nationale prend en charge le championnat du Canada, qui se déroule au début du mois de juillet de chaque année.
« Nous sommes reconnus par le Comité olympique canadien, mais le gouvernement ne fait rien, ou si peu, pour nous supporter » observe Peter. La reconnaissance, lui et ses collègues doivent aller la chercher sur les courses internationales du Nouveau continent que sont les Jeux Panaméricains, les 100 kilomètres de New York ou le Grand Prix de Duluth. C’est d’ailleurs lors de la dernière édition de ce marathon de Duluth que Peter a brandi au plus haut la Feuille d’érable, en s’adjugeant une huitième place juste devant Pier Davide Romani et Juan Carlos Betancur, excusez du peu ! Un fait d’arme qu’il ne doit qu’à son travail et à son enthousiasme pour le roller.
Bardé de cet enthousiasme, les patineurs canadiens pourront défendre et faire avancer le roller. C’est en tout cas l’avis de Peter : « nous avons si peu de compétiteurs que chacun à son niveau, Fédération, clubs, coachs et promoteurs de courses, nous devons tirer le maximum de notre potentiel afin de grandir. » D’après lui, la structure de base dans le pays, c’est la Fédération provinciale (l’équivalent de nos régions, mais en plus grand), car la Fédération nationale a peu d’argent et de volontaires. Cinq provinces possèdent une Fédération active, sur les treize que compte le Canada : celle de l’Ontario notamment fait figure de moteur. La Roller Sports Ontario est en effet en charge de cinq courses, de programmes d’entraînement et de perfectionnement avec des diplômés (les « clinics » en anglais). Toronto porte bien son nom huron de « Lieu de rencontre »…
Mais la réflexion de Peter sur l’avenir du roller de vitesse dans son pays ne s’arrête pas à sa ville. « Il faut plus de courses, plus de coachs, plus d’athlètes et une meilleure organisation : une fois que tout sera en place, alors nous pourrons penser à démarcher de bons sponsors et de l’argent du gouvernement. » Ce qu’il manque au Canada, ce sont des structures solides et des rinks pour accueillir les patineurs, notamment l’hiver, et surtout les garder. Le Canada est plus que jamais une terre d’avenir pour le roller skating de vitesse.
Liens :
www.geocities.com/shaloheat/ : le site de Peter Doucet (Peter’s Inline Racing Web Page). Un condensé des événements « roller » sur le continent Nord-américain et dans le monde ainsi qu’une page de liens intéressante.
www.geocities.com/torontoinline/tevent.htm : le calendrier du roller au Canada.
www.rollersports.can/index2.html : le site de la Fédération du Canada.
www.roller-montreal.com : le site du « Patinage à roues alignées » de la capitale du Québec. Très bien fait !
http://members.rogers.com/sk8toronto/ : des renseignements sur le roller à Toronto et de multiples conseils.
Vincent Esnault.