COMMUNIQUE DE PRESSE


Franck Cardin raccroche : les témoignages en hommage
Communiqué du 18/01/2006



Patrick Briand (le père de Pascal) :

J'ai vu Franck évoluer et grandir avec Pascal dans la petite salle de "La Penthièvre" de Lamballe au rythme des entraînements quotidiens ou encore sur les départementales par tous les temps… Même sur la piste de Saint-Brieuc par - 4°C et éclairée par les phares de nos voitures, à leur début ensemble !

Ils étaient tous deux sous la férule de Michel Le Guillou, une poigne de fer dans un gant de velours , autrement dit un pédagogue hors-pair -sans lequel ils ne seraient jamais devenus ce qu'ils sont aujourd'hui. Michel disait de Franck en l'observant à l'entraînement : « il a la hargne des gagnants et l'agilité d'une anguille ! ».


Pascal Briand, son coéquipier :

Des anecdotes avec Franck , j’en ai des centaines bien sûr ! Je connais Franck depuis que je m’entraîne avec lui, c’est-à-dire depuis 1990-1991. Je pense qu’on a connu ensemble toutes les bonnes galères de l’entraînement, celles qui nous on permis de nous construire.

Franck est le genre d’athlète « têtu » - normal pour un Breton... En fait, c est certainement le coureur le plus têtu que j’ai jamais connu : cette qualité lui a permis de s’entraîner plus que tous les autres, plus longtemps et plus fort.

Franck est aussi le coureur le plus loyal et le plus dévoué que j’ai pu connaître : il a donc été le meilleur équipier qu’on puisse rêver. Mais avant tout, je pense qu’il était doué car c est un patineur complet : il avais le fond, «a « caisse » comme on dit, mais il avait aussi la vitesse quoi qu’on en dise...

Tout cela me rappelle une anecdote au Chili en 99 lors du championnat du monde : j’avais gagné le 500m piste en finale. Auparavant, j’étais en demie finale avec lui... Il s’était relevé pour me laisser passer ! Qui d’autre en aurait fait autant ? Personne ! Quelques jours plus tard, pour le 500m route, j’étais blessé et donc je ne pouvais pas courir... Il m’a dit : « oh , si tu ne cours pas, ça ne sert à rien que je courre ! » On parle un peu et je lui rappelle le 500m piste. Je parviens à le convaincre et finalement tant mieux puisque Franck a fini troisième de ce 500m piste et venait de remporter sa première médaille au monde en Seniors.

Une autre : en 2001, Franck est champion du monde du 84km. Personne n’a réussi à le suivre... Une victoire de maître.

Franck et moi, on était très complémentaires... On a gagné beaucoup de courses ensembles. Je crois qu’on va partager à jamais « nos » victoires, que ce soit lui ou moi sur la première marche. Je ne pense pas qu'on retrouvera un patineur comme lui... Il y en aura d’autres, mais pas des comme ça.


Christophe Audoire, son entraîneur de 1997 à 2002

Franck était un travailleur acharné, qui avait besoin de beaucoup s’entraîner pour arriver aux résultats qu’il a obtenu. Car s’il avait de bonnes qualités intrinsèques, il n’avait pas de grandes facilités. On a souvent vu Franck dans l’ombre de Pascal (Briand). Je dirais plutôt qu’il était dans son sillage : Pascal lui a montré la route comme un guide. Avec les résultats, il a prit de l’assurance… Et la confiance qui lui manquait !

J’ai un souvenir de course qui me vient avec l’équipe Salomon… C’était à Rennes sur Roulettes 99, lors de la finale de la Coupe d’Europe – qui depuis est devenue la WIC. Il fallait une victoire de Pascal et que Jorge Botero termine au mieux troisième pour gagner le classement général de cette Coupe d’Europe. Sur les derniers tours, un terrible orage a éclaté et la route est devenue très, très glissante. Franck a chuté à deux reprises mais à chaque fois, il est revenu dans le groupe de tête. Au sprint, Pascal a terminé premier et Franck, après un sprint où il a tout donné et a pris tous les risques, s’est jeté sur la ligne pour aller décrocher la deuxième place ! Botero était battu et le classement général nous revenait pour un petit point !

Sinon, avec l’équipe de France, je pense bien sûr au titre mondial du double marathon en France à Valence d’Agen (2001). Je lui avais répété plusieurs fois avant que quand il sentirait sa chance passer, il devrait la saisir. Il était en pleine confiance avec la terrible côte de l’arrivée. Le premier des deux tours était comme une répétition : il passe en tête… J’ai tout de suite pensé que c’était pour Franck ! Il le savait que c’était son jour. Une heure d’efforts plus tard, la ligne passée et le titre acquis, il tombe dans mes bras et me dit : « Christophe, j’y crois pas, je l’ai fait ! » Mais c’était fait parce ce qu’il y croyait très fort…et qu’il l’était ce jour là !



Propos recueillis par V. E.